jeudi 29 septembre 2011

saumur, le Printemps des Ecuyers 2011. Les sauteurs



La section des sauteurs de Saumur m'impressionne beaucoup. Les chevaux sont puissants et développent une grande force. Les chevaux plient fortement les ressorts de leur arrière main, pour les déployer ensuite vivement, avec une souplesse plutôt surprenante pour leur masse.




Le fort engagement des postérieurs sous la masse, la flexion des hanches, permet des figures comme la pirouette,   le terre à terre. Ce dernier air permet de mobiliser les forces afin que le cheval puisse s'élancer dans certains sauts d'écoles.
   





























Le rassembler préalable à la pirouette :




















































Remarque : ce n'est pas du terre-à-terre ici, mais plus souvent un galop très rassemblé, on pourra remarquer que certains chevaux se désunissent. C'est plus facile pour eux, mais un défaut dans l'air. 

Le terre à terre est une allure à deux temps, très énergique et rassemblée. En voici la définition exacte par La Guérinière. (et Newcastle...)
"M. le Duc de Newcastlc a fort bien défini le terre-à-terre, un galop en deux temps qui se fait de deux pistes. Dans cette action le Cheval lève les deux jambes de devant à la fois et les pose à terre de même ; celles de derrière suivent et accompagnent celles de devant ce qui forme une cadence tride et basse qui est comme une fuite de petits sauts fort bas, près de terre, allant toujours en avant et de côté.
Quoique le terre-à-terre soit mis avec raison au nombre des airs bas, parce qu'il est près de terre, c'est pourtant cet air qui sert de fondement à tous les airs relevés, parce que généralement tous les sauts se font en deux temps, comme au terre-à-terre.
"
croupade
La croupade est un air qui ressemble à une ruade, mais le cheval lance ses postérieurs plus haut que pour une ruade "efficace".



Dans la deuxième photo, on peut regretter que le cheval ne soit pas droit ni dans son dos, ni dans ces postérieurs. 


Il y a plusieurs éléments remarquables négatifs ou positifs dans ce petit film : l'énergie des chevaux, mais leur calme ; le cavalier qui s'agite : des mains, il tire un peu, mais il avance aussi très fort ses mains (relever la tête/rééquilibrer - je suppose- céder) ; il pique fort des éperons, ses jambes bougent ; la caresse.


La courbette, le cheval se cabre 
Il ne faut pas la confondre avec la pesade que l'on peut voir chez les portugais et les viennois. Dans la pesade, le cheval élève son avant-main, portant son poids sur les postérieurs qui restent en place. Le cheval ne se tient pas vertical, mais oblique, plus ou moins d'un angle de 40° par rapport au sol. On remarquera que plus la pesade est basse, plus elle est difficile et demande de la force : en effet, moins le cheval se dresse au dessus des postérieurs, plus ceux-ci doivent être avancés sous la masse pour soutenir le poids du cheval qui le tire en avant. Elle est l'expression la plus grande du rassemblé et du report de poids sur les postérieurs. Elle peut se préparer par un piaffer dans lequel le cheval rentre les postérieurs de plus en plus c'est-à-dire qu'il fléchit de plus en plus ses hanches, élève d'autant son avant-main, jusqu'à la soulever du sol, l'arrière-main portant de plus en plus de poids. 
(photo d'un viennois prise sur "le site du cheval")

A Saumur, les sauteurs pratiquent la courbette. Dans cet air, le cheval élève son avant-main au maximum et se tient verticalement, le plus droit et grandi possible, les antérieurs ramenés devant lui et immobiles. Si le maintient de la pesade se fait par la force du ressort formé par les postérieurs, celui de la courbette se fait par l'équilibre, sur la toute petite base que constitue les sabots postérieurs, le cheval pouvant perdre celui-ci aussi par l'arrière si il se donne trop fort.





































Remarque voici la définition qu'en donne La Guérinière : 
"La Courbette est un saut dans lequel le Cheval est plus relevé du devant, plus écouté et plus soutenu que dans le Mézair, et où les hanches rabattent et accompagnent avec une cadence basse et tride, les jambes de devant dans l'instant qu'elles retombent à terre."



cabriole

le cheval, dépliant fortement sa levade, soulève ses postérieurs du sol et les lance horizontalement en une puissante ruade, c'est la cabriole, le plus parfait des sauts selon La Guérinière. Elle est préparée par le terre-à-terre, petits bonds successifs qui mettent en place les ressorts et font prendre de l'élan.

Quand on aime la photo, déclencher à l'exact bon moment provoque un grand sentiment de réussite ( :0) )



J'aime cette prise : on voit là toute la puissance et la souplesse du cheval. La hauteur à laquelle le cheval se projette est stupéfiante. On peut aussi admirer la dextérité du dresseur qui parvient à ne pas heurter la bouche de son cheval : rendez-vous compte de la puissance du mouvement qu'il y a à accompagner !















J'admire les chevaux sauteurs, et l'assiette de leur cavalier, la maîtrise de leur dresseur ; je trouve néanmoins que c'est une discipline dure. Le fait est que ces figures sollicitent fortement les articulations, mais surtout les aides sont souvent dures, voire agressive, l'apprentissage est souvent basée sur les défenses du cheval.

Sur la photo, on voit le cavalier, cravache brandie. Attention je ne dis en aucun cas qu'il y a maltraitance ! Je dis que les exigences en font une discipline dure, et si les chevaux choisis ont une sensibilité et une réactivité certaine, il faut néanmoins les stimuler.
Le cheval a la queue plaquée, ce qui est un signe d'appréhension. On peut aussi remarquer les oreilles tournées vers le cavalier, l'encolure crispée, l'angle de tête relevé : le cheval se méfie de ce qui vient derrière (tout poney de club aura une attitude semblable le cas échéant). La ruade qui va suivre est de nature défensive. Attention : le mouvement est acquis, la réponse à la sollicitation est acquise, connue : aujourd'hui, le cheval ne répond pas à une menace, il donne une réponse qu'il sait être celle attendue en conséquence, je ne pense pas qu'il se sente aujourd'hui menacé (il sait aussi que si la réponse appropriée ne vient pas il peut y avoir sanction : la menace va se réaliser). Mais cette réponse (la ruade) est par origine liée à la réponse naturelle qu'est la ruade défensive. 
Dans les levades, on voit souvent un coup d'éperon pour la provoquer et la main du cavalier vibrer (parfois très fortement) sur la bouche du cheval pour empêcher celui-ci de descendre.






Ces exercices placent tout de même le cheval en un certain état d'agitation, d'un certain stress contrôlé et maîtrisé aussi bien les chevaux que les cavaliers sont admirables en cela.
Ils sont aussi d'une grande vivacité. Les sauteurs montés alternent des périodes d'Airs sautés donc très rassemblés et des périodes de galop vif et rapide (relativement), enchainant les figures d'une piste avec énergie et précision.  Beaucoup plus impressionnant en direct qu'en vidéo d'ailleurs.

Je ne sais pas si cela est fait dans ce but mais je le suppose, ces moments de galop énergique ont pour effet de permettre au cheval d'évacuer l'excès de tension et aussi de garder les chevaux énergiques et disponibles. Je viens en effet d'expliquer au-dessus que les sauts d'école sont liés, ont besoin et amènent une tension nerveuse, liée aux défenses. Chez le cheval la défense est la fuite. Bien sûr, les chevaux n'ont pas peur, mais on leur demande le même type d'influx nerveux que si ils avaient peur. Ainsi, ils sont physiologiquement préparés à la fuite c'est-à-dire au galop rapide. Ils peuvent alors satisfaire ce besoin (bien sûr, au travail le galop n'est précipité comme lors d'une fuite !) et rester en flux détendu, mais néanmoins conserver la réactivité nécessaire à leur travail (ce qui ne serait pas le cas, avec un massage de garrot évidemment).  A pied, cela est impossible, mais le dresseur laisse avancer un peu après la plupart des sauts. Sa présence à pied à normalement une influence rassurante (notion de dominance et de guidage leadership en anglais)