jeudi 19 avril 2012

Pauvre poulain ou comment peuvent apparaitre certains troubles du comportement

Vu dans une écurie :
 Une jeune femme se jette en hurlant, chambrière en avant, fouettant l'air (et j'espère que l'air) sur la porte d'un box, et s'acharne, s'acharne, s'acharne, agitant, agitant, la chambrière, et criant... Un poulain, juste arrivé certainement, est dans un de ces boxes ne permettant aucun contacts entre voisins, n'autorisant qu'un léger contact visuel en passant la tête par dessus la porte.
Lui, il ne veut pas ! Il est mal là dedans : il n'y a pas de place pour s'enfuir, on voit mal le danger arriver, et surtout, SURTOUT,  ON NE VOIT PAS LES COPAINS ! Alors lui, forcément, il veut sortir, normal ! L'est pas si bête de rester dans un endroit aussi dangereux ! ... Sauf que dehors, il y a des monstres... Des deux-pattes...
Evidemment, je comprends la réaction première : courir pour refluer le poulain dans le box. Mais peut-être n'était-ce pas nécessaire, peut-être qu'après avoir suffisamment essayé, il aurait laissé tomber... oui, mais s'il y arrivait ...! S'il se fait mal... ! OK. Mais s'acharner ?
Pour qu'il apprenne ? Pour qu'il comprenne ? Ça oui ! Mais certainement pas ce que l'on souhaite !

Fermer le volet... Ils le font aussi quand ils ne peuvent surveiller, je suis d'accord c'est plus prudent. Mais enfin, ce poulain, il est dans le noir, encore plus isolé, paniqué et sans solutions. On risque la dépression, la résignation (au sens négatif, c'est à dire l'abandon de toute volonté de vivre).
Que comprend-il ce poulain ?
Il apprend que ce qui s'approche du box est dangereux,  que l'homme est un prédateur... Il risque de développer un attachement excessif envers sa boite : il y est mal, mais il s'y fait, il s'adapte, au moins c'est tranquille et finalement il ne lui arrive rien!
Il risque de développer des comportements agressifs envers ceux qui s'en approcheront, voudrons y rentrer. Il pourra aussi manifester des angoisses quand on voudra l'en sortir etc ...
Que faire alors ?
C'est pourtant simple : il ne veut pas de cette boite, on ne l'y met pas : on trouve une place où il peut être en contact avec ses compagnons en sécurisant tout de même la porte mais sans le priver de lumière, ou on le laisse au pré (en l'habituant tout de même progressivement à supporter l'enfermement, au cas où cela devenait indispensable, en cas de blessure par exemple)

mercredi 18 avril 2012

Chômage, punissons les victimes

Une catégorie des candidats aux élections prend le parti d'amplifier une croyance désobligeante, méprisante, que les chômeurs, sont les rebuts de la société et qu'ils méritent l'opprobre. Je vais décortiquer certains des propos tenus pour montrer comment sous des phrases apparemment anodines imitant  une juste volonté de rendre la justice, on tente de nous manipuler.


"Instaurer un droit à la formation pour tous les chômeurs et l’obligation pour eux d’accepter un emploi qui correspondra à la qualification qu’ils auront acquise."
Le droit à la formation, c'est très bien. Si l'on est au chômage, cela peut-être parce que l'on manque de formation ou parce que la formation initiale ne correspond pas aux besoins. 
L'obligation d'accepter est la partie dangereuse de la formule : Cela veut dire que la personne doit accepter même si les conditions de travail sont inacceptables, qu'il peut se trouver à la merci d'un employeur indélicat ou obligé de quitter sa famille pour travailler loin etc ...
Surtout la formule tant à laisser croire que les chômeurs passe leur temps à refuser des emplois : il faut les obliger à travailler. C'est une phrase sournoise, pernicieuse : elle fait croire que si l'on veut que le chômage cesse, il faut obliger les chômeurs à se remettre au travail. Si il y a du chômage, c'est la faute des chômeurs ! 



"Lutte contre la fraude aux allocations-chômage en conditionnant leur octroi au bon suivi d’une formation professionnelle qualifiante, par référendum si les négociations avec les partenaires sociaux devaient échouer."
"Vérifications accrues des obligations de recherche et d’acceptation d’un emploi par les chômeurs."
La première formule est bien compliquée, mais les deux veulent dire la même chose. (La deuxième semble ajouter que si les syndicats ou autres mouvements ne sont pas d'accord, ils subiront la pression du peuple. Je n'ai absolument rien contre les référendums, j'ai tendance à apprécier "la pression du peuple" mais le peuple a malheureusement tendance à suivre les mouvements de masse sans réfléchir individuellement. Bien manipulé, le peuple met Hitler au pouvoir et brûle les chômeurs heu ... pardon, les sorcières. Et ces propos sont des manipulations)
Donc, elles veulent dire la même chose : Les chômeurs sont des menteurs et des voleurs. Ils mentent en disant qu'ils ne trouvent pas de travail. En vérité il y en a voyons ! C'est qu'il ne veulent pas travailler et ce faisant il vous VOLENT vous, les honnêtes et braves travailleurs. Il faut les surveiller, et de près ! 
Le fait est que cela ce fait déjà ! Pointer tous les mois, se présenter à des rendez-vous où ils prouvent leurs recherches... Et où on ne peut les aider. 





"Rendre obligatoire pour les bénéficiaires du RSA d’effectuer 7 heures d’activité d’intérêt général par semaine, rémunéré sur la base du SMIC."
Rémunéré, bien, mais décortiquons.
Maintenant que l'on vous à bien expliqué en quoi les victimes du chômage sont coupables, on vous explique qu'il faut les punir, et en particulier ceux qui ont encore moins de moyen que les autres et qui osent réclamer plus d'aide. On doit les punir en leur faisant faire des travaux forcés... Non, pardon, les travaux forcés c'était avant, maintenant on dit "travaux d'intérêt général".
Voyons, c'est évident : ces individus qui n'ont pas de travail ou dont le travail n'apporte pas les revenus nécessaires, il faut les punir ! La prison ce serait trop mais les activités d'intérêt général c'est bien... ben oui, autant qu'ils se rendent utiles ces rebuts de la société ! 




Voilà l'idée que l'on vous met en tête : les chômeurs, les sans-ressources, sont des menteurs et des voleurs. Ils doivent donc être punis.
Sur le fond, proposer un revenu supplémentaire en offrant du travail à ceux qui n'en ont pas, c'est bien... Mais ! N'est-ce pas ça l'origine du problème !? Que ces personnes n'ont pas de travail ? Ou un travail trop mal payé ? Ils ne trouvent pas de travail alors ils se trouvent dans l'obligation d'un faire un qui porte le même nom qu'une peine alternative à la prison ! 
Ne vous trompez pas les termes "obligatoire", "obligation", "conditionner"... ne sont pas choisis au hasard. Il sont choisis pour faire croire à la responsabilité des chômeurs de leur situation. Ils sont aussi utilisés pour monter la force de ces personnalités politiques : "Moi fort ! Moi ordonne toi !" on se retrouve dans la situation de la domination dont je parle souvent à propos du cheval. Dominer pour rassurer, être un bon leader et apporter le confort ou dominer par la peur de la sanction .... Subtile mélange, ce sont des maîtres.


Il est évident que tout cette histoire de mauvaise volonté, et surtout de culpabilité est fausse dans une très large mesure. Les chômeurs ne le sont pas par choix, ils le sont par manque d'emploi. Il y a bien sûr quelques profiteurs, il y en a toujours. Mais d'une part, ils seraient très certainement moins nombreux s'il n'y avait autant de découragement, si les situations de travail n'étaient pas aussi souvent désastreuses. D'autre part, y-a-t-il vraiment autant de fraudeur que ça ? Certainement que non ! En revanche, il y a un sérieux manque de moyen ; faut-il vraiment en utiliser d'avantage contre des éventuelles fraudes ? La lutte contre cette fraude coûterais probablement plus cher que la fraude elle même ...


Pourquoi tout cela ?
C'est un détournement de l'attention en quelque sorte, une manière de noyer le poisson : ils sont incapables en maintenant le système actuel de fournir des solutions viables. La seule solution possible, financièrement parlant, est de laisser tomber ceux qui sont dans le besoin. Mais ils ne peuvent pas en faire des victimes : ils ont besoin du soutien d'au moins une partie de la population ! Ils en font donc des boucs émissaires. 
Pour comprendre voici un exemple concret d'une situation similaire : Nicolas casse le vase. Il va demander le balais à maman en expliquant qu'il veut réparer les bêtises d'Arthur. Arthur se fait gronder et doit faire le ménage ...


Non seulement ils n'ont pas de solution viable, mais en plus je suis convaincue qu'ils n'en veulent pas. (Laisser les sans ressources dans la misère ne saurait être reconnue comme solution viable, n'en déplaise aux égoïstes). Ils n'en veulent pas parce que eux vivent très bien de la situation actuelle. La menace du chômage, qui devient pire si elle est associée de répression, permet aux grandes entreprises, d'imposer leurs conditions aux travailleurs et d'en tirer ainsi encore plus de bénéfices. 
Les chômeurs constituent une masse d'employés de réserve et rend les employés facilement interchangeables, donc jetables.


Sont-ils si forts ? Vont-ils réussir à vous convaincre qu'il faut punir les victimes ?
Et tant que j'y suis il n'y a pas suffisamment d'emploi, mais il y a du travail. Le travail, comme d'autre chose, devrait pouvoir se partager non ?



lundi 16 avril 2012

Une journée au lycée agricole (quatrième partie : Swan)

Je retourne dans la carrière avec un cheval du centre : Swan.
Swan est un petit cheval, taillé en poney : encolure courte et épaisse, plutôt bréviligne, articulations épaisses, bref, un petit équidé taillé en force, juste ce que je voulais pour étayer mes propos lorsque je travaillais avec Cobalt.
Swan a tendance à bousculer, tirer en main. 
Petit plus, quand il s'est débarrassé de son deux pattes, aussi bien à pied qu'à cheval il va tenter de le taper. Prise par le micro et la position inconfortable d'être debout au milieu de la carrière, j'oublie une question de première importance : quand il tape, il touche ou pas ? J'y reviendrais...


Je commence la séance par l'indispensable contact mano-nasal, et je passe la main sur tout le corps : Swan ne présente pas de contraction particulière, il a bon oeil et est confiant en main : un bon petit cheval sûr de lui... Ce peut être à la base du problème. Durant toutes les manipulations je garde une longe assez courte pour garder le contrôle de la tête et ainsi pouvoir détourner les postérieurs si il lui prenait l'envie de botter, mais sans le coincer. Il a aussi l'interdiction totale de bouger les pieds, il doit rester complètement focalisé sur moi.
Le premier contact vise à lui dire que je suis pacifique en premier lieu, et en second que j'entends ne pas me laisser marcher sur les pieds. Equilibre parfois délicat...


Je ne vais pas entrer dans les détails du travail car il est le même que pour Cobalt. 


Swan obéit plutôt bien, et comprend vite même sur une pression légère, mais il faut rester très vigilent. Swan a l'habitude de vivre sa vie sans se soucier du deux pattes, et cherche les appuis pour pouvoir utiliser sa force.


Le jeune homme que je fais travailler avec le cheval est tendu et prend d'entrée un contact assez rigide, peut-être prêt à utiliser de la force ce qui se retournerait contre lui, donnant un appui au cheval. 
Avec tous les chevaux, mais particulièrement avec ceux qui cherchent la faille, il faut rester vigilent, mais aussi très détendu : la tension, le stress se communiquent très facilement : si il vous sent stressé, il comprend que vous n'êtes pas sûr et ne vous considèrera pas comme un meneur valable.


La posture est aussi quelque chose de primordial, elle donne au cheval des indications simples sur ce qu'on attend de lui, n'oubliez pas que c'est le premier mode de communication du cheval.


Durant le travail, j'entends "c'est parce qu'elle le domine" Ben oui, mais attention !
Le mot domination est à prendre avec des pincettes avec le cheval. Je ne suis pas "le patron". J'ai établi un lien de confiance donc il se sent bien près de moi ; je lui ai expliqué que je tiens à mon espace, qu'il ne doit pas me dépasser, m'envahir, alors il me respecte (la domination se trouve ici, et ici seulement). S'il m'obéit c'est parce qu'il est en confiance à mes côtés et parce que cela lui apporte du confort. Par exemple, si je place mes doigts sur son poitrail et si j'appuie, le contact est désagréable, s'il suit leurs indications, la pression cesse : c'est du confort. 
S'il est en confiance à mes côtés, c'est aussi parce que je me place en dominant (équin) : cela signifie que je suis sûre de moi, que je suis moi même confiante. 




La nuance est importante, et j'arrive là à ce que j'ai omis de mentionner sur place. Si l'on cherche la domination pour la domination, on arrive facilement à utiliser la force ou au moins la contrainte, pire la violence. Ce n'est jamais bon, mais j'ai le sentiment que c'est ce qui coince en particulier avec ce cheval. Il a conscience de sa force et est d'un tempérament dominant. Une personne non crédible en tant que dominant qui veut appliquer une domination en force, une domination au sens humain, se voit, en toute logique équine remise à sa place. 
Il est très possible aussi, et là je pense que c'est en particulier lorsqu'il est monté, que la pression d'une contrainte continuelle et souvent mal appliquée le place en situation de stress, ou au minimum est trop fortement inconfortable. Notez que c'est toujours le cas, mais ici ce processus doit être renforcé par le fait que ce cheval est pourvu d'un caractère très fort d'une part, et d'une autre part, et là, je parle d'à cheval, il est probablement assez déséquilibré et on doit user avec lui de fortes aides de jambes et de mains. Quand la pression devient trop importante, il explose et étant donné sa puissance, jette ses cavaliers.
Le coup de pied donné ensuite à une importante signification : je ne pense pas que ce soit une ruade de fuite (certains chevaux ont peur quand leur cavalier tombe) cela ne correspond pas à son tempérament. Soit c'est un coup de cul libérateur, de joie, soit il y a une réelle volonté d'agression. Une attaque des postérieurs est un geste de défense (contrairement à un cheval qui charge) défense à une agression, à une invasion. C'est une forme de défense agressive. Autrement dit, il considère le cavalier comme son ennemi et le traite en conséquence : il répond à une agression préalable (aides trop fortes). Ce n'est qu'une supposition en ce qui concerne Swan puisque je ne l'ai pas vu au travail, ni ruer d'ailleurs.


En fait, j'ai tendance à croire que ce cheval est pris à l'envers, et il ne faut pas oublier avec lui la première règle à suivre avec les chevaux que pour bien travailler avec eux, il faut les aimer. Cela a été exprimé d'une excellente manière par Mme De Padirac à mon compagnon : "La première chose est de s'en faire un copain !"
Je n'ai eu aucune difficulté à manipuler ce cheval, mais pendant toute notre relation, je n'ai cessé de le caresser, de l'approuver dès qu'il faisait bien, de le respecter. Cela ne m'a pas empêcher de le sanctionner si besoin.


Aimez les chevaux avec lesquels vous travaillez !
"Faites du cheval un compagnon et non un esclave, vous verrez quel ami extraordinaire il est." Nuno Oliveira
"On a tendance, de nos jours, à oublier que l'équitation est un art. Or l'art n'existe pas sans amour.
L'art, c'est la sublimation de la technique par l'amour." Nuno Oliveira

jeudi 12 avril 2012

Conseils ou jugement... ? Les idées préconçues

Ne disposant pas de carrière, j'en ai trouvée une à louer, de temps en temps. Cela me permet d'avoir un sol plus correct que celui dont je dispose à l'heure actuel (terrain dur avec de nombreux cailloux, et qui d'ailleurs sont plus ou moins venus à bout des pieds de Lune). Le sol est un peu trop profond et en pente (le pré où est Lune en ce moment est en pente aussi...) mais ça fait du bien de travailler dans un endroit prévu à cet effet. Les clôtures aussi : à force de travailler au milieu des champs, disposer de lignes droites matérialisées est d'une grande aide. Je sais bien que je pourrais en fabriquer dans les champs, mais ça pose les problèmes d'usure de terrain, de prise de place pour les chevaux etc...surtout j'ai la flemme. J'ajoute que dans le pré actuel, planter des piquets est une mission bien compliquée, voire impossible !
En plus ça me permet de sortir Lune de son environnement habituel, ce qui lui (nous) fait le plus grand bien !

Après un voyage fort stressant pour moi : mon camion est un vieux tromblon, qui peine à atteindre les 90km/h et on n'est jamais sûr qu'il monte les côtes qui se présentent. Pour me rendre à la pension où est la carrière, il faut prendre une route nationale à quatre voies, avec voies d'accélération et tout ça. Sur la route, il y avait plein de camion... C'est bête, mais j'étais pas tranquille... enfin c'est mon état d'esprit en ce moment : je m'énerve pour pas grand chose et d'ailleurs c'est un peu la raison d'être de ce billet...

Lune a un peu transpiré pendant le voyage, mais elle est de plus en plus tranquille sur la route. Je lui passe le caveçon avant de la descendre du camion, puis l'emmène sur la carrière.
Je suis tendue, c'est pas bon pour manipuler un cheval, je me sens observée ça n'aide pas ! Évidemment, Lune est un peu agitée : elle regarde, prend ses marques, elle n'a pas l'habitude !
Et là, ça commence : l'impression d'être jugée, jaugée et sur quelle base hein ? On me fait des remarques que je prends - à tord, le fond était gentil - très mal ! Mon ego, ben oui ! Pis aussi comme je le disais tout à l'heure, je ne suis pas d'humeur en ce moment...


Et d'une


D'abord, il paraît que je tiens mal ma longe, que je vais me casser le genou.... Allons bon ! Je tiens ma longe en boucle, pas en huit, c'est pas courant, certes, mais c'était la manière de faire de feu le Commandant de Padirac et celle de ses élèves à présent. Mes boucles sont trop grandes ? (j'ai des mains minuscules aussi, tenir 18m de longe peut m'être assez compliqué) Parce que je tiens à une main, le flot plutôt devant moi ? J'aime avoir mes mains libres et séparées cela permet plus d'action puis évite d'avoir un morceau de longe devant, qui lui peut se montrer dangereux. J'ai pas bien compris le truc, là, mais pourquoi pas, soit. Je sépare la longe pour tenir à deux mains c'est vrai que ma longe n'est pas trop bien pliée alors... Je suis encore en stress de la route, suis focalisée sur ma jument pas envie de discuter, pas envie d'être désagréable, enfin ça commence mal...


Premier pas dans la carrière


Nous faisons le tour de la carrière tranquillement, au pas en main. Lune regarde, forcément, mais tout le monde se fiche d'elle ! Les chevaux ici semblent habitués à voir du mouvement.
Je la mets au pas sur le cercle, la jument est plutôt tranquille, je me détends un peu. Après tout, je suis à mon affaire là... Sauf que le gars est toujours là à observer... ça m'agace. Lune commence à plier un peu les genoux à flairer le sol... Sans trop y croire, je laisse faire : ben oui ! Elle se roule 0O ! je ne m'attendais pas à ça ! Je laisse faire, il me semble que ça grince derrière, mais j'y reviendrais...

Normalement, on ne laisse pas faire ça : pour deux raisons pratiques.
La première est que ça met du sable dans le poil, qui peut coller et occasionner des blessures avec la selle ;
la deuxième est que si on ne gère pas suffisamment l'angle de la longe, le cheval peut se prendre les pieds dedans.
Évidemment, si le cheval est sellé, il peut se blesser et abimer la selle !

Je laisse faire parce que dans un premier temps je n'osais pas y croire :
Lune ne fait pas ça d'ordinaire et je m'attendais plus à ce qu'elle fasse le satellite plutôt que la toupie !
Ensuite en la laissant faire, je confirme l'idée de confort qui germe en son esprit, je lui autorise à se détendre.
Je suppose aussi qu'elle a besoin d'un massage après le transport, elle a le dos un peu tendu puis elle a transpiré...La prochaine fois, je tâcherais de lui passer un coup de brosse !

Il y a un risque qu'elle en prenne l'habitude, il suffira de ne pas la laisser faire la prochaine fois si elle retente le coup.


Et de deux


Je passe à la presque fin de l'excursion : effectivement ça a grincé derrière !
Du style "on ne se roule pas / joue pas pas ... sur le lieu de travail" Ouais on ne se détend pas non plus...? Je la connais celle-ci : la carrière est faite pour travailler : le cheval n'y a d'autre droit que celui d'obéir, au pré (au box) le cheval est libre de faire ce qu'il veut... ! Non, et ... non !

Le premier "non " :
Si vous souhaitez baser votre travail sur la communication (et je parle bien de travail au sens classique, gymnastique ou sportif, pas de numéro de cirque, pour lesquels les gens sont plus accordés à dire que la communication est primordiale) il faut oublier (partiellement) la notion de "j'exige, il obéit." La tolérance devant certaines situations, avec certains chevaux permet de les maintenir en flux détendu donc dans un état communiquant.
A ce moment, la jument n'était pas encore au travail, elle était en observation, son comportement était équinement correct et même si je ne souhaite pas qu'elle prenne cela en habitude, il n'y avait rien de dérangeant sur le plan comportemental.

J'ai du mal avec ce besoin de contrôle absolu du cheval, il est souvent basé sur la peur "Si je laisse faire ça, il pourra faire ça ou ça ! Ce sera la fin du monde !" et aussi "Si je laisse faire, je montre que je suis faible à mon cheval mais surtout à mon entourage ! Oh mon Ego, mon Ego, mon cher Ego !!! Il faut absolument que je montre à quel point je suis le plus fort!!!!" Au passage cette peur, donc ce type de comportement restrictif est assez souvent preuve du manque de maitrise de l'individu ...

Le deuxième "non" :
Considérer que le cheval est totalement libre de ses actions au pré ou au box est tout simplement dangereux !
Où que soit le cheval, il doit se considérer comme en état de travail quand le deux pattes est dans son environnement proche c'est-à dire qu'il doit se montrer suffisamment attentif pour respecter suffisamment son espace, ne pas se chamailler avec les autres etc...

Une remarque supplémentaire :
Le cheval n'est pas un animal territorial. L'argument "ici on travaille, ici on fait ce qu'on veut" est assez proche de l'anthropomorphisme. Par contre, le cheval est un animal d'habitude et très adaptable, capable de faire facilement des associations du type "Ici mon deux-pattes renonce à toutes disciplines, alors je peux me permettre de l'ignorer"  ...
Mais cela vient de ce que vous lui inculquez sur la notion d'endroit, pas de sa nature. Je travaille depuis très longtemps les chevaux dans leur pâture sans aucun autre soucis sur le plan comportemental que le manque de barrières physique, dans certains cas.

Le deuxième argument pour expliquer à quel point c'est mal de l'avoir laissé se rouler est qu'elle va en prendre l'habitude et qu'elle va se rouler avec moi sur le dos... et de me citer en exemple le cas d'un cheval qui se serait rouler sur la route avec son cavalier...

AAA...lors... ! Tout d'abord, OUI, effectivement, il y a un risque d'habitude : le risque serait qu'elle se roule systématiquement en entrant dans la carrière. Pour qu'il y ait habitude il faut quand même plus d'une fois ! Le fait est que si elle retente la prochaine fois, j'interdirais. Pourquoi pas aujourd'hui ? Il vaut mieux commencer par les bonnes habitudes ! C'est vrai, mais comme je l'ai expliqué plus tôt j'ai ressenti le besoin de lui laisser une certaine latitude.

Entre se rouler avec le cavalier et se rouler en longe, il y a tout un monde : Enfin, le cheval fait d'avantage la différence entre poids sur le dos / rien sur le dos qu'entre carrière/chemin/champs/pré !
Deuxièmement : Si le cheval a envie de se rouler, il le tente ! Si il peut le faire, il le fait, point n'est besoin d'habitude ! Si le cavalier n'a pas suffisamment d'ascendant sur le cheval, celui-ci fera ce qu'il voudra qu'il en ait l'habitude ou pas. Le cheval n'est pas une machine, je le répète encore une fois, il s'adapte facilement à des situations différentes.

Quant au cheval qui se roule sur la route, la première chose est de se demander pourquoi ! Qu'il fasse fit de son cavalier, d'accord, mais qu'il tente de se rouler sur un endroit dur et inconfortable ? Dans quel état était-il ce cheval ?

Et de trois

Juste après ça, je demande le pas à Lune qui prend le trot ... Certain s'en offusquerait et c'est le cas du gars .... "Elle n'est pas aux ordres !

Et bien, Non mais Oui !
Encore une fois, on n'est pas obligé de voir ça de manière psychorigide : je demande un mouvement en avant, que la jument exécute avec enthousiasme. Lune est une jument qui se livre difficilement, qui manque souvent de plaisir dans la mise en avant. Je ne brime pas ses volontés d'avancer quand elle reste dans la mesure, ce qui est parfaitement le cas ici. Et il est souvent de bon aloi que le premier trot vienne du cheval, cela signifie qu'il est physiquement prêt. Ca dépend du cheval, bien sûr.

Elle est excitée par son nouvel environnement, le besoin de courir est normal, naturel. Je m'assure du contrôle global : lignes droites et transitions descendantes : tout fonctionne. Je la laisse prendre le galop à volonté, tant qu'elle ne se désunie pas.
Si le cheval est anxieux, le mouvement peut le rassurer. Attention, il peut aussi augmenter son stress...

Pour une jument pas habituée à sortir de son environnement son comportement en longe est tout à fait positif. Tout ce que je souhaitais d'elle. 

Les (mes) règles en longe pour les allures sont les suivantes : à la demande du mouvement en avant, le cheval doit donner, si il donne trop soit on laisse, ce que je fais généralement à l'échauffement, soit on demande une transition descendante. Il ne faut jamais brimer une belle envie d'avancer... à la demande le cheval doit obéir à la transition descendante précisément (en gros, on peut avancer plus, mais pas moins). L'arrêt doit être respecté et du coup à ne demander que si l'obéissance est possible. Moyennant quoi, les chevaux que j'ai mis à la longe y fonctionnent très bien et particulièrement ma jument. (Il y a encore une particularité sur l'obéissance aux allures de Lune en début de longe, lié à sa manie d'uriner en début de séance)

Un mot sur la faculté des chevaux de comprendre les situations : Lune a une grande liberté en début de longe. Je l'autorise même à changer de main si elle le souhaite ! à partir du moment où le travail effectif commence (demande d'engagement, d'attention, réduction de cercle etc...) elle fait rigoureusement ce que je lui demande. Si elle y manque, un rappel à l'ordre suffit. Elle est tout à fait capable de sentir quand elle peut, quand elle ne peut pas.

Et de quatre

"Dans la main droite, la chambrière" je suis à main droite, longe dans la main droite, chambrière dans la main gauche, conformément à l'école de travail que je suis (que je tente de suivre). Alors, on m'a déjà fait la réflexion de tenir le flot dans la main droite, c'est une école répandue. Mais le coup de la chambrière, c'est une première ! Pourquoi pas, chacun sa manière de faire, tant qu'on se fait comprendre du cheval. J'explique, Sébastien lui a demandé : la chambrière devant, c'est pour arrêter. Ce à quoi Sébastien à répondu que le but est plutôt d'avancer...
Petite parenthèse : c'est un amusant paradoxe : pour un homme qui prétend que le cheval n'est pas capable d'à la fois jouer et à la fois travailler sur le même terrain, il dit que le cheval est capable de s'arrêter sur l'ordre d'un outil dont on se sert pour pousser le cheval ... Si il dresse effectivement ses chevaux dans ce sens il doit alors se rendre compte de leur faculté de compréhension !

Si le dressage est suffisamment clair, on peut apprendre presque tout ce qu'on veut à un cheval. La réponse spontanée du cheval non dressé à la chambrière est généralement d'avancer, mais si on veut lui apprendre de s'arrêter, pourquoi pas... (reste à savoir comment on l'enseigne...)
Lune change de main à l'action de la chambrière devant, et selon une action différente, par l'avant aussi, est sensée reculer, pour ça la réponse est loin d'être spontanée... Mais la notion de mouvement reste liée à l'outil.

Pour s'arrêter, le whoa suffit au cheval dressé selon ce code. Si il ne suffit pas et pour l'apprendre, raccourcir le cercle et me déplacer vers l'épaule est le moyen recommandé.

Le pêcher des hommes de cheval

C'est l'orgueil, et la manie de juger et tirer des conclusions sans savoir. Dès que ça diffère de notre manière de faire on prétend que c'est mal, au lieu de chercher à comprendre, et on s'offusque de la moindre remarque. Comment pouvons-nous progresser avec un tel état d'esprit ? Comment prétendre communiquer avec le cheval alors que l'on est globalement dans une attitude de non communication ? 



Sinon

Bon j'étais plutôt contente de la longe, mais je n'ai pas pu monter : ma sangle était restée à la maison. J'ai donc travaillé à pied, ce qui est un exercice difficile avec un cheval ayant un fort traversement naturel, et plus encore quand le cheval est tendu. Si le cavalier l'est aussi et bien ... on ne peut pas faire grand chose... 
Mais compte tenu de cela ça aurait pu être pire... Ca à même fini par un joli travail de "dandinement" travail dans lequel j'alterne entre aspirer et pousser les hanches, lui demandant de rentrer chacun des postérieurs tours à tours.

Retour à la maison ... Tiens ! Lune ne s'est pas re-roulée...

mercredi 11 avril 2012

Une journée au lycée agricole (troisième partie : Intrigue)

Intrigue est une jument de club qui est décrite comme paniquant au paddock, et plutôt difficile à sortir en licol. Elle embarque, ou casse les clôtures pour retourner au box. Montée, elle a un comportement "normal".

Voilà un comportement qui ne colle pas du tout avec ce qu'on apprend de l'éthologie équine : le cheval est un animal de fuite qui a besoin d'espace pour pouvoir échapper à un prédateur. Généralement claustrophobe, il lui faut un apprentissage pour rentrer dans un van et parfois même pour supporter le box. Cette jument est mal à l'aise en liberté...
Son box est plutôt grand, situé dans une toute petite écurie ouverte sur l'extérieur, dont les boxes permettent largement les contacts physiques (parfait !). Il y a trois chevaux ici. Autant dire que cela forme une structure de troupeau correcte, il y a sûrement même de fortes affinités entre chevaux. Elle a plutôt bon oeil, mais le dessus de l'encolure est contracté voire noué ce qui tant à dire qu'elle est de tempérament anxieux.
En posant une ou deux questions, j'apprends que la jument est lâchée seule. La solution saute à l'esprit de mon interlocuteur : la mettre au pré avec un autre cheval ! Je recommande de la mettre avec ses compagnons (ou au moins l'un d'eux) d'écurie. Evidemment, le succès n'est pas garanti, la phobie est peut-être ailleurs j'espère avoir des nouvelles....
Je conseille aussi d'éventuellement faire vérifier la vue : si la jument perçoit mal son environnement, le manque de contrainte physique, donc ici de guide, de barrière tangible, pourrait faire qu'elle soit complètement perdue et donc apeurée en milieu inconnu (le paddock).

Le besoin de compagnon est primordial chez le cheval. Même si il est particulièrement adaptable, il souffre du manque de contact. L'individu à fort comportement social - on dira plus grégaire que la moyenne, en réalité c'est qu'il s'adapte moins bien à la solitude - peut avoir un comportement dangereux pour lui-même et les autres lorsqu'on le sépare de ses compagnons.
Au travail, en fonction du cavalier, cela peut s'avérer une catastrophe si le cavalier ne sait pas tisser de lien ou au contraire cela peut permettre une relation très forte avec le cheval qui peut se rendre alors très disponible car complètement assujetti à son meneur.

On peut aussi penser que ce type de trouble comportemental (comme beaucoup d'autre) est lié à un manque de confiance en soi du cheval qui compte exclusivement sur les autres pour être en sécurité. Il semble que des massages pourraient alors permettre au cheval de se reconnecter avec son corps et le rendre plus confiant. Pour le moins, cela permettrait de tisser des liens plus fort avec les deux pattes, ce qui est toujours positif !

Pour finir, j'ajouterais que divers traumatismes peuvent être à l'origine de ce trouble : une trop longue privation de liberté avec une longue période dans son jeune âge exclusivement au box, un accident au pré... le sevrage précoce (en particulier effectué au box) peut aussi être une cause...

samedi 7 avril 2012

journée au lycée agricole (troisième partie : le cheval agressif au box)

Je laisse partir le brave Cobalt qui commence à trouver cela un peu long et je parle alors un peu de Manhattan, ce cheval dont on m'avait parlé lors de ma visite des écuries. 
Il est agressif et charge, difficile à nourrir, et pour nettoyer le box. Il faut le chasser au fond pour apporter son repas, l'attacher dehors ou le surveiller et le chasser continuellement pour curer. La seule bonne chose à faire est de le sortir pour faire le box !
Au travail, à l'extérieur, il est correct.

Mal à l'aise d'être debout au milieu de la carrière, de parler au micro, je ne dis vraiment pas tout ce que j'aurais du dire, et reste dans le très général et l'imprécis : éviter les mouvements de recul lorsqu'on donne à manger et que peut-être (sûrement), ce cheval serait mieux dehors avec du foin à volonté. Je pense tout de même à expliquer que sa bulle personnelle s'étant jusqu'aux limites du box, et qu'il ressent toute intrusion comme une agression...
Voilà ce que j'aurais du dire d'autre :

Donc, c'est une intrusion, le cheval est généralement agressif que parce qu'il croit être en présence d'un dominé qu'il doit pousser pour prendre sa nourriture et que celui-ci ne bouge pas, mais plus souvent parce qu'il a peur. Même si il peut y avoir une forme de relation dominant/ dominé avec le cheval, celui-ci sait que l'homme n'est pas un concurrent sur le plan de l'alimentation. Le cheval domestique ne ressent généralement pas le besoin de protéger sa gamelle vis à vis de l'homme. Donc, très probablement, ce cheval a peur. Pas nécessairement de mauvais traitement, mais à cause de l'intrusion, à cause de l'insécurité liée au box, à cause de maladresses répétées qui lui ont appris que son inquiétude est justifiée, il ressent aussi très probablement une frustration qui se traduit par un comportement agressif...

Il faut penser à une petite chose : il y a 130 chevaux dans ces écuries, il faut forcément attendre pour être nourri : certains chevaux le tolèrent très très mal (le dominant est le premier à avoir accès aux ressources, ce n'est pas logique qu'il doive attendre !)

Avant d'entrer, il faut marquer une pause, si possible en attitude neutre. Si possible, l'image impressionnante et quelque part magnifique du dresseur qui se laisse charger et claquer des dents au ras de la figure dans "Danse avec lui" si elle a un fond justifiable, me semble pour le moins surréaliste. Les chevaux ne mangent pas les hommes, mais enfin ils leur arrivent de les blesser gravement.

Pour le nourrir, il va falloir ensuite lui demander effectivement de s'écarter. Mais pas de cris, pas de colère, pas d'ordres brutaux : c'est lui donner raison et justifier le sentiment qu'il a du besoin de se défendre. Une gaule de dressage pour l'écarter me semble une bonne solution, utilisée d'un geste doux, pour le faire se décaler dans un mouvement de recul ou latéral. Il faut parler, d'une voix grave, si possible, un peu sèche mais d'un ton calmant. Surtout, ne pas monter dans des suraigües hystériques, qui ressembleraient en fait, aux couinements des chevaux qui se cherchent.

On pose le seau, le foin et on marque une pause. Partir rapidement ressemblerait à de la fuite et confirmerait un statut de dominant au cheval.
On entre là dans un paradoxe, qui explique les comportements démontrant l'insécurité des chevaux vis-à vis des deux pattes : à la fois, l'homme se veut dominant et pour cela manifeste parfois des comportements agressifs, mais en même temps il a des attitudes de retrait qui autorisent qu'on le chasse. Il est alors assimilé à un prédateur -éventuellement peu sûr de lui - à un individu incompréhensible et absolument pas fiable ou à un dominé frustré, qui compense en agressant maladroitement. Toujours est-il que le cheval ne sait pas toujours bien comment gérer cet individu contradictoire.

Retournons avec Manhattan.
Le seau est posé et on attend, un peu. Si l'on voit une descente d'encolure, un soupir, même un évitement (le cheval regarde ailleurs) on peut reculer et sortir.

Cela ne résoudra pas nécessairement le problème mais au moins ne l'empirera pas comme pourrait le faire les "leçons" à grand renfort de cris et menaces : au moins on commence à lui montrer que l'on est pacifique. Une autre solution, probablement plus sécuritaire, est de sortir le cheval lors de la distribution.


En dehors de la prise alimentaire, il faut aussi rassurer ce cheval.
Je suppose qu'une thérapie basée sur un abord progressif fonctionnerait très bien :
les détails sont difficiles à expliquer ici car ils dépendent directement des réponses du cheval. Il faut tenter le plus tôt possible le contact mano-nasal, rester neutre, faire beaucoup de pauses pour laisser au cheval le temps d'accepter. Eventuellement ressortir, selon la pression que manifeste le cheval. Si le cheval cherche à charger, il faut éviter de reculer -mouais ! c'est facile la théorie, il faut surtout rester en bonne santé - il faut soit tenter d'ignorer ce comportement indésirable, soit demander la cession, voire le retrait.
Cela est un exercice difficile voir périlleux. Il faut être très attentif à la communication posturale du cheval et y répondre de manière adéquate.
Pour être le plus possible en sécurité, il faut passer le licol assez tôt aussi. Si possible. Manhattan étant un cheval manipulé régulièrement, c'est probablement la première chose à faire, après le contact mano-nasal probablement.
Et puis, il faut le masser puis faire en parallèle des exercices de descente et de flexion d'encolure, qu'on associera ensuite à des pivots de hanche, puis décalages d'épaules.
Tout cela sur le mode de "nous sommes amis et bien ensemble".

Après le travail, avant de sortir du box, il faut penser à passer un moment -même bref- pour lui faire une caresse (pas une claque ! Une application de la main,plus ou moins ferme selon le ressenti) le long de l'encolure ou un autre endroit qu'il apprécierait, un contact mano-nasal. Encore mieux, un massage de tout le corps, si il l'accepte, quand il l'acceptera. Et il faudra penser à sortir calmement.

Encore une chose : il faut fonctionner pour lui et non exiger qu'il fonctionne pour vous ...

une journée au lycée agricole (deuxième partie : Cobalt)

Suite du récit du ma journée au lycée agricole.
Je me retrouve finalement sur la carrière, le micro sur la tête et devant la bouche, avec une jeune fille et son cheval : un grand dadais de cinq ans : Cobalt.
Cobalt, à peine se tient-il un peu près : il sent beaucoup, réclame un peu de contact physique, beaucoup de contact nasal : normal, c'est un bébé ! 
A part ça, et qu'il n'y a pas besoin de corriger, il cède à de très légères pression à toutes les demandes. 
J'ai beaucoup plus de peine à gérer le micro !
L'intérêt tout de même est que je peux montrer comment ça doit se passer dans le meilleur des cas : reculer, mise à distance facile, pivoter les hanches, pousser les épaules.... Massage de la nuque, il est un peu anxieux tout de même.
Je fais travailler un peu la jeune fille avec son cheval : elle comprend bien, fonctionne juste... c'est un peu facile comme présentation mais c'est bien : ça met en confiance.
J'oublie tout de même de mentionner une chose importante et à laquelle j'aurais très certainement songé en privé : Cobalt est un jeune cheval, très gamin de caractère, empressé de bien faire et ne montrant aucune difficulté particulière. Le risque, avec ce type de cheval -qui est encore un poulain, il le sera jusqu'à ses 7/8 ans- est d'en abuser : "je peux lui demander : il le fait". On a tendance à trop en demander à ces chevaux, alors on les blase, les fatigue, les dégoute, les prive de leur entrain et de leur bonne volonté, on peut même les rendre difficiles...


vendredi 6 avril 2012

A voir ....

je vous invite à aller voir sur équidiawatch cette émission sur l'intelligence du cheval. Ou de la regarder lors d'une éventuelle rediffusion sur Equidia. Elle s'intitule "le cheval : un être intelligent". Je ne l'ai pas encore regardée, mais je sais déjà qu'interviennent Jean-François Pignon, figure du dressage équestre de spectacle et grand Homme de cheval et Marc-Antoine Leblanc, probablement le meilleur vulgarisateur scientifique (ce qui veut dire qu'il met les propos scientifiques à la portée de tout à chacun) en ce qui concerne l'éthologie équestre (j'en profite pour vous recommander un  magnifique ouvrage "cheval, qui es-tu")

mercredi 4 avril 2012

Une journée au lycée agricole

J'avais été contactée pour présenter mon travail lors d'une petite manifestation dans un lycée agricole. Quatre jeunes filles avaient un projet de "journée sur le bien être du cheval". J'ai trouvé l'idée excellente et ai donc accepté la proposition.
Seulement voilà, que présenter : mon travail se base sur une discussion avec le propriétaire puis sur une modification de ses comportements, de l'environnement du cheval et sur un éventuel travail avec le cheval lui même. Présenter cela à un public me semblait plutôt compliqué. Je pense alors que la meilleure chose à leur présenter est le travail autour du respect en main qui pose les bases d'une bonne relation homme/ cheval et de l'éducation de l'équidé.

Lorsque j'arrive au lycée, on me demande de choisir parmi les 130 chevaux - ... fichtre ! - un individu intéressant à présenter. Je demande un cheval pas trop grand, plutôt de type poney : ils sont assez souvent plein de mauvaises manière en main, construits en force et bousculants, idéaux donc. Sauf que voilà : j'ai besoin d'un propriétaire ou d'un élève faisant office de propriétaire si je prends un cheval du centre. Pas si simple : on ne sait pas si tel cheval devra travailler l'après midi, la plupart des propriétaires ne sont pas présents...
Tout d'abord, on me mentionne une jument - Intrigue - qu'on ne peut sortir sans selle et filet : elle tire, panique, se sauve. Intéressant mais il faut l'emmener de l'autre côté de la route pour la faire travailler... Trop risqué. On me présente aussi Manhattan qui présente un lourd comportement agressif au box. Intéressant, mais en main, il est OK.
En plus, ces deux troubles comportementaux sont particuliers et du coup ne concernent pas la majorité des personnes présentes. Mais je les garde en réserve : je pourrais en parler pour montrer la façade- disons théorique- de mon métier.

Puisque je le visite, je vais dire un petit mot sur le centre équestre où est installée l'école. D'abord, le cadre est superbe, proche de la forêt. Des chevaux sont au travail, d'autre dans leur boîtes. On peut voir comme dans la majorité des centres quelques gestes maladroits, voire brutaux de certains équitant, pas mal de "ficelles" et de "ferme ta bouche".
Certains de ces boxes sont plutôt bien faits : le contact est possible, ils ne sont pas trop petits, plutôt ouverts sur l'extérieur. Malheureusement une grande partie des boxes sont constitués de manière classique : ce sont des boxes extérieurs, avec volets, murs de séparation jusqu'au toit, des vraies boîtes quoi ! La journée, les volets sont ouverts, les chevaux se voient si il passe la tête par dessus la porte, bon...
Quelques chevaux tiqueurs, mais pas tant qu'on pourrait le craindre : il y a du monde pour s'occuper d'eux donc moins d'ennui, moins de frustrations. Les chevaux que je croise ont en majorité bon oeil, ils sont calmes et sereins, éveillés.
La deuxième bonne surprise est lorsqu'on me présente un cheval en me disant : "c'est un jeune (peut-être même c'est un poulain ?) il a 5 ans" c'est positif : dans de nombreuses structures, les chevaux devant être rentables, on classe assez difficilement un 5 ans parmi les jeunes (donc à préserver) : il faut que ça tourne, que diable !
Une troisième est l'acceptation immédiate lorsqu'il s'agit de mettre un cheval au repos.
Autant pour mes à-prioris négatifs sur les centres équestres (je ne suis pas idiote hein! Je sais que ce n'est pas toujours sombre, mais ça fait du bien de le voir ...)

Enfin voilà la première impression de ce monde équestre : plutôt positif dans l'ensemble...