mercredi 18 avril 2012

Chômage, punissons les victimes

Une catégorie des candidats aux élections prend le parti d'amplifier une croyance désobligeante, méprisante, que les chômeurs, sont les rebuts de la société et qu'ils méritent l'opprobre. Je vais décortiquer certains des propos tenus pour montrer comment sous des phrases apparemment anodines imitant  une juste volonté de rendre la justice, on tente de nous manipuler.


"Instaurer un droit à la formation pour tous les chômeurs et l’obligation pour eux d’accepter un emploi qui correspondra à la qualification qu’ils auront acquise."
Le droit à la formation, c'est très bien. Si l'on est au chômage, cela peut-être parce que l'on manque de formation ou parce que la formation initiale ne correspond pas aux besoins. 
L'obligation d'accepter est la partie dangereuse de la formule : Cela veut dire que la personne doit accepter même si les conditions de travail sont inacceptables, qu'il peut se trouver à la merci d'un employeur indélicat ou obligé de quitter sa famille pour travailler loin etc ...
Surtout la formule tant à laisser croire que les chômeurs passe leur temps à refuser des emplois : il faut les obliger à travailler. C'est une phrase sournoise, pernicieuse : elle fait croire que si l'on veut que le chômage cesse, il faut obliger les chômeurs à se remettre au travail. Si il y a du chômage, c'est la faute des chômeurs ! 



"Lutte contre la fraude aux allocations-chômage en conditionnant leur octroi au bon suivi d’une formation professionnelle qualifiante, par référendum si les négociations avec les partenaires sociaux devaient échouer."
"Vérifications accrues des obligations de recherche et d’acceptation d’un emploi par les chômeurs."
La première formule est bien compliquée, mais les deux veulent dire la même chose. (La deuxième semble ajouter que si les syndicats ou autres mouvements ne sont pas d'accord, ils subiront la pression du peuple. Je n'ai absolument rien contre les référendums, j'ai tendance à apprécier "la pression du peuple" mais le peuple a malheureusement tendance à suivre les mouvements de masse sans réfléchir individuellement. Bien manipulé, le peuple met Hitler au pouvoir et brûle les chômeurs heu ... pardon, les sorcières. Et ces propos sont des manipulations)
Donc, elles veulent dire la même chose : Les chômeurs sont des menteurs et des voleurs. Ils mentent en disant qu'ils ne trouvent pas de travail. En vérité il y en a voyons ! C'est qu'il ne veulent pas travailler et ce faisant il vous VOLENT vous, les honnêtes et braves travailleurs. Il faut les surveiller, et de près ! 
Le fait est que cela ce fait déjà ! Pointer tous les mois, se présenter à des rendez-vous où ils prouvent leurs recherches... Et où on ne peut les aider. 





"Rendre obligatoire pour les bénéficiaires du RSA d’effectuer 7 heures d’activité d’intérêt général par semaine, rémunéré sur la base du SMIC."
Rémunéré, bien, mais décortiquons.
Maintenant que l'on vous à bien expliqué en quoi les victimes du chômage sont coupables, on vous explique qu'il faut les punir, et en particulier ceux qui ont encore moins de moyen que les autres et qui osent réclamer plus d'aide. On doit les punir en leur faisant faire des travaux forcés... Non, pardon, les travaux forcés c'était avant, maintenant on dit "travaux d'intérêt général".
Voyons, c'est évident : ces individus qui n'ont pas de travail ou dont le travail n'apporte pas les revenus nécessaires, il faut les punir ! La prison ce serait trop mais les activités d'intérêt général c'est bien... ben oui, autant qu'ils se rendent utiles ces rebuts de la société ! 




Voilà l'idée que l'on vous met en tête : les chômeurs, les sans-ressources, sont des menteurs et des voleurs. Ils doivent donc être punis.
Sur le fond, proposer un revenu supplémentaire en offrant du travail à ceux qui n'en ont pas, c'est bien... Mais ! N'est-ce pas ça l'origine du problème !? Que ces personnes n'ont pas de travail ? Ou un travail trop mal payé ? Ils ne trouvent pas de travail alors ils se trouvent dans l'obligation d'un faire un qui porte le même nom qu'une peine alternative à la prison ! 
Ne vous trompez pas les termes "obligatoire", "obligation", "conditionner"... ne sont pas choisis au hasard. Il sont choisis pour faire croire à la responsabilité des chômeurs de leur situation. Ils sont aussi utilisés pour monter la force de ces personnalités politiques : "Moi fort ! Moi ordonne toi !" on se retrouve dans la situation de la domination dont je parle souvent à propos du cheval. Dominer pour rassurer, être un bon leader et apporter le confort ou dominer par la peur de la sanction .... Subtile mélange, ce sont des maîtres.


Il est évident que tout cette histoire de mauvaise volonté, et surtout de culpabilité est fausse dans une très large mesure. Les chômeurs ne le sont pas par choix, ils le sont par manque d'emploi. Il y a bien sûr quelques profiteurs, il y en a toujours. Mais d'une part, ils seraient très certainement moins nombreux s'il n'y avait autant de découragement, si les situations de travail n'étaient pas aussi souvent désastreuses. D'autre part, y-a-t-il vraiment autant de fraudeur que ça ? Certainement que non ! En revanche, il y a un sérieux manque de moyen ; faut-il vraiment en utiliser d'avantage contre des éventuelles fraudes ? La lutte contre cette fraude coûterais probablement plus cher que la fraude elle même ...


Pourquoi tout cela ?
C'est un détournement de l'attention en quelque sorte, une manière de noyer le poisson : ils sont incapables en maintenant le système actuel de fournir des solutions viables. La seule solution possible, financièrement parlant, est de laisser tomber ceux qui sont dans le besoin. Mais ils ne peuvent pas en faire des victimes : ils ont besoin du soutien d'au moins une partie de la population ! Ils en font donc des boucs émissaires. 
Pour comprendre voici un exemple concret d'une situation similaire : Nicolas casse le vase. Il va demander le balais à maman en expliquant qu'il veut réparer les bêtises d'Arthur. Arthur se fait gronder et doit faire le ménage ...


Non seulement ils n'ont pas de solution viable, mais en plus je suis convaincue qu'ils n'en veulent pas. (Laisser les sans ressources dans la misère ne saurait être reconnue comme solution viable, n'en déplaise aux égoïstes). Ils n'en veulent pas parce que eux vivent très bien de la situation actuelle. La menace du chômage, qui devient pire si elle est associée de répression, permet aux grandes entreprises, d'imposer leurs conditions aux travailleurs et d'en tirer ainsi encore plus de bénéfices. 
Les chômeurs constituent une masse d'employés de réserve et rend les employés facilement interchangeables, donc jetables.


Sont-ils si forts ? Vont-ils réussir à vous convaincre qu'il faut punir les victimes ?
Et tant que j'y suis il n'y a pas suffisamment d'emploi, mais il y a du travail. Le travail, comme d'autre chose, devrait pouvoir se partager non ?



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