mardi 13 décembre 2016

Choisir un cheval

Voilà plus de 4 ans que je n'ai rien publié.

Je me lance dans une nouvelle série d'articles qui vont tourner autour d'un nouveau venu équin dans notre famille : Mat, le cheval de mon compagnon. Vous le verrez, Mat n'est pas un cheval tout à fait ordinaire. J'aurais du commencer à écrire il y a environ 1 an et demi, quand il est arrivé, mais d'un autre côté, le temps passé permet d'avoir davantage de recul.

Voici un premier article :

Choisir un cheval
Je ne vais pas m'étaler sur les éléments à prendre en considération avant de prendre la décision d'acheter (temps, finances, connaissances...) la toile regorge d'informations à ce propos. Non, je vais me consacrer au choix : quels sont les processus, comment bien (ou mal) choisir son nouveau (ou premier) cheval.

     L'achat d'un cheval est une démarche importante émotionnellement et très significative financièrement. Bien sûr, cela dépend des moyens et points de vue de l'acheteur, mais je vais partir d'un principe .... Le mien ! ;-)
   En premier lieu, force est de constater que c'est un achat paradoxal : on achète un compagnon... ! Ethiquement, l'achat d'un ami a quelque chose d'assez surprenant non ? Quoi que... On en voit. Remarquez que la plupart des animaux de compagnie s'achètent en fait... Notez aussi que légalement, les animaux sont des biens... autant dire des objets... même si des notions de respects et d'éthiques font tout doucement leur chemin.
Quoi qu'il en soit on va investir dans le cheval de l'argent parfois durement économisé, on achète le cheval à la place de toutes les choses dont on s'est privé pour y parvenir (à moins d'une belle fortune personnelle...) et généralement on passe du temps à le trouver, le choisir. Et puis parfois, assez souvent en fait, le cheval est un outil : pas un vélo, mais quelque part il y a un peu de ça ! En bref, un cheval est un investissement et on compte en avoir pour notre argent ! 
Et là je vous entends murmurer : "ben non et oh ! Moi j'aime les chevaux ! Pour mon cheval, je ne compte pas ! et blabla bla et bla blabla..." Vous vous leurrer mes braves : même si vous n'êtes pas en attente de résultats en compétition, même si vous aimez sincèrement et profondément votre cheval, vous attendez quelque chose en retour : qu'il vous "aime", qu'il soit source de détente, de joie, ... de gloire, voire de pouvoir (sisi). Un petit coin de votre esprit croit qu'il vous le doit, d'autant plus que vous avez misé dessus. La plupart du temps on ne s'en rend pas compte car on l'obtient tout ça, d'une façon ou d'une autre. Sinon, on est frustré... On a misé sur le mauvais cheval (sic)

     Le soucis est donc de trouver l'animal avec lequel on va s'entendre, que l'on va aimer, mais aussi d'investir dans un outil dont les capacités physiques vont satisfaire à nos ambitions. Le type de cheval (origines raciales), sa morphologie ont alors une certaine importance. Un cavalier désirant faire de la compétition à haut niveau évitera le fjord que choisirait un randonneur par exemple. Il est bon aussi de prendre en compte l'histoire du cheval et son caractère, son éducation, si tant est que l'on puisse avoir ces renseignements. Ici, la présence du comportementaliste peut aider (mais il  n'est pas devin.)
   On entre alors parfois dans une ambivalence sentiment vs raison qui n'est pas toujours simple à démêler : si notre compétiteur tombe amoureux des beaux yeux du fjord par exemple...

Achat raison vs achat coup de cœur
Donc, on navigue entre ces deux extrêmes :  l'achat raison, sans sentiments : le cheval est bien sur le papier, il est sain, a les capacités physiques, éventuellement le palmarès qui va bien. Parfois même, dans cette perspective, le cavalier ne choisit pas lui-même le cheval, mais c'est un moniteur, ou assimilé qui le fait.
A l'opposé, on a l'achat coup de cœur : on rencontre le cheval et pour une raison x ou y on en tombe amoureux. Ses défauts s'estompent au profit de la qualité qui nous à fait craquer. Selon le niveau du cavalier, ses compétences équestres et le cheval en question, ce peut être la pire ou la meilleure manière de choisir.
Le cavalier averti va inconsciemment apprécier, de manière spontané, un cheval correspondant à ses attentes : il est formé à aimer une morphologie, un tempérament en particulier. 
En revanche, un coup de cœur fondé sur la couleur des crins fera prendre le risque d'un choix regrettable : le cheval a la belle crinière pourra s'avérer être d'un caractère complexe, d'une passivité affligeante, d'un physique inapte...
Si tout cela est fait en connaissance de cause, ça peut marcher. Sinon, on risque de créer un couple dysfonctionnel, le cheval et son nouveau propriétaire ne pouvant fonctionner ensemble. Ne me répondez pas qu'un bon cavalier va s'accorder à n'importe quelle monture ! C'est vrai mais en premier lieu les vrais bons cavaliers sont rares, en second lieu parvenir à faire travailler et à manipuler sans heurt un cheval ne signifie pas nécessairement que le cheval est apprécié. Or l'équitation est aussi une affaire d'amour. Sans amour, le cavalier pourra tirer certaines choses du cheval, mais il n'y aura pas cette osmose qui permet aux vrais bons de faire ressortir les qualités du cheval. Sans amour, le cheval peut, d'une manière plus ou moins subtile, être forcé et éventuellement en pâtir.


Achat pitié
Proche du coup de cœur, mais pouvant être pire dans certains cas, en particulier pour le cavalier néophyte,  est l'achat pitié, à moins que ce choix soit particulièrement bien réfléchit. Il s'agit généralement de sauver un cheval de la boucherie, de récupérer un cheval qui a été négligé, mal traité. C'est louable bien sûr ! Mais il faut savoir à quoi s'attendre. Si le but de l'acheteur est de sauver un équidé, il peut se tourner vers les associations qui  sauront l'orienter, choisir le cheval qui, avec l'acheteur formera un accord parfait.

On peut distinguer différent types de chevaux à sauver :
Les "éclopés" : accidentés ou usés par le travail, ils ne peuvent plus être montés. Ils peuvent faire de parfaits chevaux tondeuses à coucougner. En revanche, dans un temps plus ou moins bref, ils pourront nécessiter des soins de conforts, parfois forts coûteux.

Les "mauvais chevaux" : on n'est d'accord, le terme "mauvais "n'est pas approprié !! Un cheval n'est pas méchant par nature mais peut être parfois compliqué, difficile à comprendre et les réactions des humains autour de lui (qu'elles soient brutales ou tendres d'ailleurs) peuvent conduire certains chevaux à devenir agressifs. Les chevaux ayant été trop négligés peuvent être particulièrement peureux de l'homme. Ces chevaux ne seront pas à mettre entre toutes les mains : ils pourront conduire à beaucoup de complications le cheval risquera alors d'être négligé, de devenir dangereux...

Les réformés : trotteurs ou galopeurs que l'on a retirés des courses. 
Certains après qu'ils aient couru, on peut les placer dans le groupe des éclopés, pouvant quand même assez souvent être montés mais après une rééducation. Ce ne sont souvent pas des chevaux faciles : tout d'abord, ils ont été éduqués en chevaux de course, et leurs savoirs ne correspondent pas forcément à l'équitation ordinaire. De plus ce sont souvent des chevaux vifs, extrêmement réactifs. Enfin, certains on pu être traités de manière assez brutale (sans pour autant avoir été maltraités, ce n'est pas mon propos). 
Les réformés jeunes, qui n'ont pas couru, ont été dressés en cheval de course, mais ne sont pas performant. Comme i sont jeunes, il est plus facile de leur désapprendre les manières non désirées et de les rééduquer. Mais il faut savoir deux choses : le dressage et la sélection des chevaux de course se fait de manière très précoce, avant 2 ans, et vous pouvez tomber sur des chevaux de 2 ans seulement, il conviendra alors de les laisser grandir tranquillement avant de recommencer à les faire travailler si vous voulez éviter les risques d'usure précoce, voire des troubles du caractère. La deuxième chose à savoir est que ces jeunes chevaux ne sont pas nécessairement exemptes de blessures voire d'usure, liées à un travail précoce et intense et pourront avoir des séquelles à un moment ou un autre. 


 

Pour tout mettre dans une coquille de noix, comme on dit en anglais, il convient, lorsqu'on choisit un cheval, de bien prendre conscience des raisons qui nous font le choisir, et des conséquences qu'auront ce choix. Il faut garder en tête, que si le cheval va évoluer avec vous, vous ne le transformerez pas intégralement sa façon d'être.