jeudi 26 janvier 2017

Mat

Mat est le cheval de mon compagnon.
Nous l'avons acheté il y a presque un an et demi, en mai 2015. J'aurais peut-être du commencer cette série d'article à ce moment, mais d'un autre coté, avec le temps vient le recul et la perception des conséquences de nos choix.

Si l'on se réfère à l'article précédant, Mat a été choisi pour une raison assez mauvaise : le coup de coeur, accompagné peut-être d'un peu de pitié de ma part : le cheval était seul et semblait souffrir d'un ennui terrible.
Néanmoins, on peut parler d'un coup de coeur éclairé : le cheval montrait une locomotion intéressante et puissante, une très grande souplesse et d'une sorte d'énergie insolente qui l'a tout de suite rendu drôle et attachant.
Du côté des points négatifs, il y avait, il y a toujours, ses jarrets qui ne me plaisent pas (un peu clos, légèrement vacillants) mais qui ne semblaient pas entraver ni sa propulsion arrière (quoi que à terme, la question semble parfois se poser) ni son bel équilibre naturel. Mais aucun cheval n'est parfait et dans le modèle que nous cherchions, il était difficile de trouver un cheval dont le prix soit adapté à notre bourse. Un autre de ses défaut est qu'il est gris, enfin blanc. Non pas que je n'aime pas les chevaux gris, au contraire, mais ma jument, Lune, est grise et est pleine de mélanomes. A cette époque nous venions, pour la deuxième fois, de lui en retirer un qui se formait au dessus de l'oeil, à proximité du nerf vagal et pouvant causer de gros soucis. Je voulais éviter les gris.
Le point le plus problématique était ce que nous connaissions de son passé, et en particulier qu'il était seul depuis au moins ses 4 ans. A cet âge il avait été acheté par un monsieur, qui, d'après ce que la personne qui nous l'a vendu nous a raconté, en avait peur et lui donnait carotte sur carotte. Et en effet, Mat mordillait ... tout, tout le temps... Il fouillait du nez, attrapait ce qu'il pouvait, le plus possible. Le pire était que, étant d'une souplesse de l'encolure phénoménale, il parvenait, lorsqu'on lui curait l'antérieur, à passer le nez entre son épaule et nous...

Nous l'avions tout d'abord essayé à la longe, pour observer ses allures, quelques côtés de son caractère, et pour commencer à faire connaissance. Le cheval s'est présenté comme un clown, pas facile, mais drôle.
On le voit faire demi-tour sur les vidéos et un moment a été malheureusement pas filmé : le cheval ayant changé de direction, Sébastien le ramène à lui et lui demande de partir à la bonne main à l'aide de la gaule (il n'y avait pas de chambrière) Mat le regarde, regarde la gaule... et la prend dans la bouche... Je crois que c'est à ce moment qu'il s'est vendu !



Il avait du être débourré autrefois, mais ses futurs ex-propriétaires l'avaient remis au travail. Monté, il avait des allures souples et puissantes mais un comportement de poulain : une absence de réponse aux jambes avec des trajectoires d'anguille, une bouche fuyante mais avec pourtant un certain besoin d'un contact fort comme quelque fois certains jeunes chevaux. Il avait été acheté dans le but d'être attelé avec deux trotteurs. Bien sûr, ce cheval ibérique c'était montré trop lent pour les suivre...
D'ailleurs, lorsque nous l'avions testé à la longe, la personne trouvait qu'il n'avançait pas, alors que, au contraire, je lui trouvais une belle amplitude mais avec une cadence un peu rapide, un peu bousculée. Un ibérique n'est pas un trotteur...




Donc
Sébastien s'amusait avec le cheval, discutait avec lui et de son côté Mat semblait apprécier la relation. Il avait 9 ans, était physiquement solide. A cet âge (on peut considérer que du point de vue du caractère, un cheval est adulte à 8ans) et avec cette morphologie, il allait pouvoir être mis au travail de manière rigoureuse assez rapidement (sic et re-sic... mais je n'en dis pas plus pour le moment)
Alors, malgré ses quelques défauts nous décidons de prendre le cheval : le seul point vraiment problématique était le fait qu'il était désocialisé et que nous n'avions aucun moyen de savoir comment il allait se comporter avec les juments. Mais nous étions au mois de mai, il allait donc être facile de séparer les chevaux le temps nécessaire, quitte à revendre le cheval si l'on ne parvenait pas à l'adapter à la vie à plusieurs. J'ajoute qu'à ce stade, son attitude globale, son regard, me laissait penser qu'on pourrait l'adapter sans trop grandes difficultés (à suivre ...)

15 jours plus tard, nous venions cherchez Mat
Il est très bien monté...  Mais à fait demi-tour... dans un van 1,5 place : un cheval d'1m60, qui tourne dans 1m53, c'est un peu impressionnant ! Il faut dire ... Mat est souple ! ... mais Mat ne reculait pas ! pas du tout (ça aussi à suivre ;-) )