vendredi 17 mars 2017

Mat : l'arrivée, le lendemain

Quand nous sommes arrivés au pré le lendemain, Joguette était passée sous un fil plus haut et donc était avec Mat. Je voulais modifier la forme de la parcelle de Mat afin qu'il ait plus de terrain sec et plus d'accès à l'abris des arbres : le foin que nous lui avions disposé sous son petit coin d'arbre n'avait pas été touché, nous en avions déduit qu'il ne s'y sentait pas bien. Il avait beaucoup plu, le terrain était détrempé et une grande partie de la parcelle de Mat n'était qu'un champs de boue. Comme Joguette était déjà avec lui, plutôt que de le mettre dans ce que nous appelons pompeusement "carrière" (un bout du pré) au risque de l'abîmer, nous avons décider de laisser les trois chevaux ensemble, le temps de bouger les fils.
Cela a permis un premier contact, sous surveillance, et de continuer de tester le comportement de Mat, qui je le rappelle était un cheval dé-socialisé.

Il y a eu, bien sûr force de contact naso-naseaux et couinement et quelques menaces et ruades lancées dans le vide aussi. Très vite, Lune a réalisé une sorte de parade : toute en menace, elle s'est mise à décrire une trajectoire sinueuse, presque en épaules en dedans, entre Mat et Joguette, poussant la ponette et empêchant Mat d'approcher : c'est là un comportement de protection très caractéristique, pouvant ressembler à ce qu'aurait fait une jument pour défendre son poulain (je ne dis pas que Lune prend Joe pour son poulain !!!). Lune, à chaque changement de troupeau, a entrepris ce genre de comportement, mais jamais avec autant d'ardeur.
En réalité, Lune n'est pas une jument "dominante", elle peut être très grimacière envers les autres chevaux, mais elle n'attaque pas et si l'autre n'y prête pas attention, elle laisse tomber. L'unique fois où elle a développé un véritable comportement combattant était la fois où elle s'est confrontée à Kepler. Dans ces démonstration face à Mat, elle a fait l'exploit de lui envoyer une superbe jambette (son arme favorite) en reculant !






Agacée, et surtout se sentant probablement menacée par cette activité, ma vieille Joguette se réfugie de l'autre côté d'une clôture (comportement bien utile et bien pratique pour se garder en sécurité quand on passe sa vie entourée de "grands" !). Cela a pour effet, dans un premier temps d'augmenter l'agitation de Lune, mais bien vite elle constate que Joe est en sécurité (anthropomorphisme :-* ) et se calme. Ses interactions avec Mat deviennent alors beaucoup paisible.

En fait, en relations par paire, les choses se passe bien, mais à trois plus rien ne va. Cela illustre les conseils proposés par les Haras Nationnaux dont je parle ici.







En réalité, les choses, vues de près, sans recul, ne se passent pas mal : beaucoup de simagrées, un peu d'agitation et d'énervement, somme toute bien normal. Alors on surveille. On pense (ou l'on espère ? la confusion est souvent si facile) que Lune va finir par faire comprendre à Mat ce qu'il faut faire, et on fini la clôture, on filme, mais on se dépêche quand même !



D'autant que, les choses s'enveniment : Lune conduit Joguette, ou la suit, vers le haut du bois. Là Joguette se réfugie dans un coin et Lune entreprend une défense active, de plus en plus agressive, tandis que Mat se montre du plus en plus curieux et désireux d'interagir. On peut le voir sur la vidéo, si au début les menaces de Lune étaient ambigües, là elle est très claire : "fous moi le camps de là !"
Pourquoi continue-t-il alors de les harceler ? Comprend-il ce qu'il se passe ? Je le répète, Mat est un cheval désocialisé, mais depuis quand ? A-t-il été en contact avec d'autre poulain ou mieux, des chevaux adultes lorsqu'il était bébé puis jeune ? A quel âge a-t-il été sevré ? et comment : depuis quand est-il tout seul, depuis ses 4ans ou bien avant ? Etant donné son comportement envers Joguette (et je reviendrais dessus par la suite) il est possible qu'il ait passé quelque temps avec un poney... ? Mais ce qui est sûr, c'est que les bonnes manières n'étaient pas acquises ! En revanche, dès ce jour, Mat présente un comportement particulier vis-à-vis de l'homme : à plusieurs reprises, presque à chaque fois que Lune le repousse en fait, il revient vers nous (je reviendrai dessus dans un prochain article).
Il faut bien préciser que jamais la situation n'a été périlleuse pour les chevaux : Mat était pénible mais pas agressif, Lune montait dans les tours, mais elle ne s'acharnait pas, il lui suffisait que Mat s'écarte, et elle cessait immédiatement l'agression (comportement tout à fait sain et normal).
Enfin, Mat fini par présenter un comportement positif dans cette situation : il broute. Brouter est évidement un comportement naturel de survie (ben oui, il faut bien se nourrir) mais c'est aussi un comportement social (que se soit volontaire ou non, peu importe) qui a pour effet d'apaiser les tensions, de signifier une volonté de ne pas agresser, et (pourquoi pas) de se présenter comme herbivore, donc inoffensif.



Ça tombe bien, la clôture est finie et l'on peut récupérer Mat. On aurait pu s'attendre à un cheval sur-excité, mais non : il vient mettre gentiment son nez dans le licol et se laisse guider dans la pente du bois sans faire d'histoire. Pourtant, il ne sera pas toujours aussi facile.






Les jours qui suivent sont plus calmes : nous remettons les chevaux ensemble, mais tout d'abord sans Joguette et sur des périodes courtes. Joguette ne sera ré-intégrée avec eux qu'ensuite, toujours pour des courtes périodes et dans un terrain plus sécuritaire : la partie du pré, plate, qui nous sert de carrière. Lune continuera de protéger Joguette, mais de moins en moins.

samedi 11 mars 2017

Mat : l'arrivée

 
Nous sommes donc allé chercher Mat le 2 mai 2015. Il est très bien monté ... mais a fait semi-tour aussi sec... dans un van 1,5 places... pas large quoi (bon large pour un 1,5 place en vrai, on pourrait y mettre deux petits chevaux fins, mais quand même !) ! On s'est bien fait avoir ! Que voulez-vous ? Ça arrive... Et puis entre sa franchise à l'embarquement, et la largeur du van il était difficile de s'y attendre. Il ne s'est pas coincé, ne s'est pas fait mal... Ouf ! Impressionnant tout de même. Nous avions là une vraie anguille !






 Bref, le voilà dans sa boite, il n'a pas l'air de trouver que c'est un endroit chouette le van














Nous sommes arrivés à destination sous une pluie battante. Et ... ah tiens ! Mais c'est qu'il ne recule pas bonhomme ! Mais alors pas du tout, du tout dutout dutoudutou ! C'est simple, il ne pouvait pas envisager ne descendre son postérieur d'un chouilla ! Dès que son pied devait se poser sur le pont, il repartait en avant. Bon... Nous avons donc décidé de le laisser se débrouiller, d'attendre : nous savions que dans le pire des cas, il pourrait relativement facilement faire demi-tour : si il l'avait fait une première fois sans se faire mal, il pourrait le faire une deuxième, sinon, il finirait par reculer au moins suffisamment pour se dégager. Ben il a fait demi-tour, puis est descendu relativement pépère compte tenu des circonstances.




Mat présentait une difficulté particulière : nous savions, ou du moins on nous avait dit, qu'il vivait seul depuis au moins ses 4 ans (âge auquel les chevaux mâles tendent à se confronter entre eux assez fortement, et auquel ils ont souvent besoin qu'on leur mette les points sur les i) et nous n'avions aucune idée de comment il allait se comporter en retrouvant des congénères.
Entre contact naso-nasal, couinement et jambettes, les chevaux commencent à faire connaissance chacun de son côté de la clôture.

C'est un exercice intéressant d'étudier des vidéos anciennes (2 ans en fait). Tout semble différent : Lune était très démonstrative tandis que Mat semblait plutôt calme et stoïque bien que peut-être un peu perplexe. De son côté de la clôture, Mat semblait tout à fait civilisé. Cependant, il n'est pas rare que lorsqu'un cheval change de vie, lorsqu'il déménage, qu'il change de propriétaire, qu'il soit plus "calme", plus "sage", plus facile que ce qu'il sera par la suite. C'est comme si il y avait une sorte de "timidité" (ouh ! la vilaine, elle fait de l'anthropomorphisme 😜 )

Autre point intéressant à observer, c'est que même très concentré sur les juments, ce qui est parfaitement normal, Mat restait intéressé par l'homme et se laissait facilement approcher. Nombre chevaux dans ces circonstances dédaignent l'humain pour se concentrer sur l'environnement et les copains, voire l'évite... probablement de peur de devoir remonter dans le van ! Mais on verra bientôt que l'évitement de l'homme n'est pas son plus gros problème...