mercredi 11 mai 2011

L'importance du toilettage

Un tournant dans ma perception des rapports aux chevaux, pas franchement. Plutôt une précision dans l'orientation de mes techniques de travail.
Le cheval n'est pas vraiment un animal tactile : bien sûr, le toilettage mutuel est très important chez les équidés, mais ils n'y consacrent sommes toutes qu'un temps assez court, les relations d'amitiés se manifestant plus dans la proximité. Et si il est primordial que tout cheval doit accepter (apprendre à) d'être touché absolument partout,  j'insiste très souvent sur le fait que le cheval n'est généralement pas un animal câlin, comme peut l'être le chien.
La communication équine est essentiellement posturale, la majorité des interactions passent par la gestuelle. La communication humaine est essentiellement verbale : nous parlons. Aussi, il semble assez naturel, dans nos rapports aux chevaux, d'utiliser ces deux moyens que sont la posture et la voix.
Globalement, nos rapports physiques avec les chevaux se limitent au pansage, en en profitant pour vérifier l'intégrité physique de notre compagnons ou en lui faisant des gratouilles aux endroits qu'il aime plus particulièrement, et parfois, en tout cas en ce qui me concerne, des massages et des manipulations visant à décontracter les masses musculaires ou en faisant faire des manipulations de types ostéopathiques.

Mais voilà : j'ai rencontré deux chevaux (dont l'un malheureusement seulement à distance, et dans un état apparemment très grave) souffrant d'une grande détresse (les termes du genre "état dépressif" sont plutôt réservés au domaine médical ou ici vétérinaire) La solution trouvée pour remédier à la tristesse de ces deux chevaux à été le contact physique, le toilettage.
J'ai tout d'abord rencontré J.J. une jument trotteuse, prostrée dans le fond de son box, montrant le maximum de blanc d'oeil, refusant le contact visuel et évidemment de se laisser approcher en menaçant vaguement. Son état physique reflétait bien son état mental.
Je suis restée longuement à la porte du box, approchant, reculant, parlant aux propriétaires, expliquant. Au bout d'un moment, la jument ne croyait plus du tout à ses menaces, se rassurait, j'ai donc établit le contact physique et mano-nasal...
Ce n'était pas une jument sauvage, donc dès qu'elle a eu compris que je souhaitais juste m'approcher d'elle et ne rien lui demander, ne rien lui prendre, elle est devenue facile. Méfiante, mais facile.
Physiquement, elle était extrêmement contractée, probablement douloureusement même. J'ai donc entamé des massages et ai montré à sa jeune propriétaire comment les pratiquer. J'ai aussi travaillé sur l'acceptation de la main sur tout le corps car elle l'acceptait mal.
Intuitivement, par expérience aussi bien sûr, je savais qu'il fallait abondemment caresser cette jument afin de lui montrer qu'elle pouvait se détendre au contact humain. En fait, il se passe plus que cela, mais j'y reviendrait.
La séance suivante, je retrouvais J.J. et sa propriétaire en bonne harmonie, le regard de la jument s'était amélioré de manière très significative, elle était même presque calme... Bien sûr, il n'y avait pas que les massages dans mes recommandations, mais c'était bien le centre de la solution.

Rapidement après, on me contacte, de très loin donc je ne verrais jamais le cheval en question, pour QH souffrant de troubles du comportement graves, le mettant même en danger physique. Sans voir le cheval, je me trouvais démunie : les recommandations habituelles (compagnon, alimentation, liberté etc...) visant à améliorer le bien être de ce cheval étaient insuffisantes ou impossibles à mettre en place car augmentant la possibilité que ce cheval se mette en danger. Marylise Pompignac-Poisson, une de mes formatrices (dont voici le site : http://psychologie.voila.net ) me recommande après que l'ai eu consultée, le grooming c'est-à-dire le toilettage. Que je me suis sentie bête de n'y avoir pensé !
Le but du toilettage, de CE toilettage, n'est pas de rendre propre... Il faudrait trouver un autre mot d'ailleurs, "toilettage" prête à confusion*... Le but est que l'individu toiletté se sente bien. Et cela fonctionne à plusieurs niveau, de plusieurs manière. Mais la base reste la même : le sentir bien, permettre de retrouver des sensations enfantines, la sensation de sécurité.

En ce qui concerne QH, il souffre de dépendance (exactement comme un fumeur, un alcoolique, un drogué : le tic est une drogue et agit au niveau physiologique comme tel). Il a été supposé étant donné son comportement (autre que les tic eux même) qu'il y avait d'importantes possibilités pour qu'il ait vécu un mauvais sevrage et/ou un débourrage brutal (débourrage brutal ne signifie pas forcément cheval battu !) Le toilettage, les massages, servent à lui procurer un contact chaleureux, rassurant, lui permettant d'exister pour lui et lui seul et non pas en fonction des demandes qu'on lui fait, non pas en fonction de ce qu'il donne. Lui permettre de retrouver la sérénité du poulain sous la mère.
En ce qui concerne J.J. même si l'on retrouve les éléments précédents, il s'agit de lui donner confiance en l'homme, de lui faire aimer l'homme (le terme "aimer" n'est pas très adapté, il est un peu anthropomorphique, on parle plutôt d' "attachement" chez les animaux, mais je n'ai pas peur de l'anthropomorphisme :p ). Il s'agit aussi de lui permettre de se sentir bien dans son corps, qu'elle prenne confiance en elle. La rendre sereine, facile.
Pour ma jument, c'est autre chose, elle ne souffre pas de trouble du comportement, mais c'est une jument qui a tendance aux contractures musculaires et à se retenir. En ce qui la concerne, les massages, mais aussi des manipulations de type stretching se montrent, pour le moment particulièrement efficaces...
Pour cet autre, les massages auront pour but plus précis de le reconnecter à son corps et à son environnement.

Alors, je me suis tournée de manière plus assidue vers Telligton-Jones. Ses points de vue confirment mes impressions sur les bienfaits que peuvent produire les massages et autre manipulation. Sa "méthode" semble s'inspirer du Shiastu pour une grande part, technique de soin à laquelle je m'étais déjà intéressée.

Tout cela se recoupe et me pousse à vous conseiller de masser, caresser vos chevaux, manipulez-les pour eux, pour leur faire du bien. Choisissez une méthode, plusieurs, aucune en particulier mais faites cela en les écoutant : ils vous diront ce qui leur fait du bien !

Vous pouvez aussi regarder ici : travailler-la-relation-homme-cheval et ici : soins aux chevaux
* En cherchant un autre terme plus précis mais compréhensible que "toilettage", je suis tombée sur ce site je ne l'ai pas encore regardé, donc je n'ai aucune opinion, si ce n'est que le toilettage, les massages, sont bienvenus chez tous...

1 commentaire:

  1. Dans mes exemples des bienfaits des massages, j'ai oublié de mentionner Tadja, bien sûr. Qui a ainsi repris confiance, et accepté de nouveau de donner ses postérieurs.

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