jeudi 14 avril 2011

Des motivations profondes des cavaliers

L'homme s'est lié au cheval pour des raisons utilitaires : porter, se déplacer, tirer et gagner en vitesse, force et hauteur lors de combats.


Mais maintenant, qu'est ce qui nous mène au cheval ? Qu'est-ce qui nous pousse à utiliser un animal, parfois l'asservir ? N'est-ce pas étrange, déplacé de se lier de cette manière à cet animal ?


Est-ce l'aspect sportif ? Il y a d'autre moyen de faire du sport, moins étrange que celui-ci, plus complet physiquement parlant, meilleurs pour la santé (combien de cavaliers souffrent du dos ?)
En plus, pour beaucoup, l'équitation n'est pas un sport ! Je ne parle pas de ce qui se moque, mais de ceux qui pensent au côté relationnel, de la composante artistique etc ..
Ceux qui se promène rênes longues ou qui emmène la famille le week-end dans la carriole considèrent-ils qu'ils font du sport ?


Cela dit, peut importe !
Qu'est-ce qui nous motive pour cette activité en particulier ?


Les motivations premières du type : "le cheval c'est bô ! " ne m'intéresse pas ici. Je cherche ce qui se passe au plus profond de notre être, dans notre inconscient.
Je passe aussi sur l'orgueil du cavalier, qui assis au-dessus des autres domine son environnement (bien que cela rejoigne un peu ce qui va suivre)


Il y a pour moi, et je pense pour de nombreuses personnes, toute une dimension de communication particulière, verbale et non verbale, postural, primaire même, instinctive d'une certaine manière. Mais j'y reviendrais...
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En quoi consiste l'équitation, le travail du cheval ? C'est monter sur un animal, ou ce que je connais moins l'atteler à une voiture, et lui imposer sa volonté. (Que l'on l'accepte ou pas, qu'on le perçoive ou pas, on l'impose cette volonté, même si ça se passe en douceur et avec le total assentiment du cheval)


C'est là, qu'il commence à se passer quelque chose : imposer notre volonté, diriger, CONTROLER !
C'est probablement une motivation première, c'est une activité qui fait écho à un besoin profond, à un manque, une peur. On en voit même parfois qui trépignent dès que quelque chose ne se plie pas comme ils le souhaitent ! Le besoin de contrôler leur environnement trouve un exutoire dans l'obéissance du cheval. 
D'ailleurs, c'est une des premières choses que l'on apprend dans la plupart des centres équestres : "il se moque de toi ! " "explique lui que c'est toi qui commande ! " et ma préférée : "il faut lui montrer qui est la patron !" :D
Et on nous donne les armes : "tends tes rênes ! " "mets-lui un coup de cravache ! " (attention, je ne dis pas qu'il ne faut jamais utiliser rênes et cravache...) et on ajoute des mors sophistiqués, des ficelles diverses etc ...
Et ça marche : le cheval, lui s'en fiche, il n'a pas cet orgueil ! Lui, il veut le confort, la sécurité, alors il obéit. Le cavalier a ce qu'il veut : on lui obéit, on l'écoute, il EXISTE !
Bien sûr, il n'est pas nécessaire d'utiliser toute cette brutalité pour en arriver là ! Mais cela permet à certains de se sentir plus fort : ils ont vaincu.
Chez d'autre, au contraire, la domination doit venir de l'esprit. C'est bien souvent préférable, mais pas toujours 
(Dans certains cas, cela conduit à réaliser des harcèlements qui mène à la reddition de l'animal et aux syndromes de Kluver-Buccy. C'est à dire que la pression mise (même mentalement) sur le cheval le met dans un tel état de stress, que celui-ci sécrète des endorphines en trop grande quantité, ce qui a pour effet de détruire des cellules du cerveaux en même temps que toute volonté, de résistance en particulier)
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Donc, nous montons à cheval, et le cheval nous transporte. En calèche aussi d'ailleurs. 
Il nous transporte par contact fessier.
Symboliquement, c'est la mère, c'est le voyage.


Chez les enfants, cela est très profitable : monter à cheval leur permet, sur le plan symbolique, de quitter leur mère en toute sécurité. Rassuré par le contact fessier, par le bercement du cheval, leur corps reconnait des sensations de la toute petite enfance. Dans cette sécurité, ils grandissent, se sèvrent. D'ailleurs, on les voit ces jeunes cavaliers qui prennent de l'assurance de même que plusieurs centimètres. Pour les adultes, il y a sûrement une thérapie là dedans. S'éloigner du stress de la vie, des contraintes en retournant symboliquement dans les bras de Maman, en sécurité. 
Mais Maman qui nous emmène...


Car si on se laisse aller à cela, à ce bien être, à ce bercement, on perçoit alors le dernier symbole : le voyage. 
D'une première part, le cheval nous emmène, en particulier emmène les enfants, vers l'indépendance, vers le devenir grand, responsable. Beaucoup d'ailleurs, s'arrêtent de monter une fois ce chemin fait.
Ceux qui restent, n'ont peut-être pas pu faire ce chemin, ou doivent le vivre encore et encore et aussi peut-être que nous voulons aller plus loin.
Nous avons alors accepté de perdre le contrôle, au moins pour un instant et nous nous  laissons porter, nous nous harmonisons. Ce n'est pas facile, mais nous pouvons ainsi parvenir à voyager, à l'intérieur de nous même, à travers la Nature. Nous méditons... La communication avec le cheval devient naturelle, comme primitive et instinctive. Il suffit d'y penser et les deux corps se lient, se meuvent. Ce n'est plus de la communication, c'est de la communion.


Sans fin, certains cavaliers cherchent ainsi les endroits sublimes difficiles à atteindre où tout fait un, d'osmose où le cheval peut nous mener. Là nous transcendons la barrière qui d'ordinaire sépare l'homme du cheval, l'homme de la Nature, l'homme de la Vie. 

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