mardi 24 janvier 2012

La cravache

C'est très bien, on aime le cheval et on s'offusque de tout ce qui semble pouvoir lui faire mal. Néanmoins, il ne faut pas tomber dans les excès, comme ceux qui poussent les hauts-cris dès qu'il est question de cravache. Bien sûr des brutes parviennent à provoquer des hématomes voire à ouvrir le cheval ; avec ou sans cravache, un mauvais homme de cheval est un mauvais homme de cheval ; il n'est pas utile d'épiloguer.

Tout d'abord, mettons les choses au clair et les points sur les i :
Un cheval pèse en moyenne 500kg et il a une certaine volonté, voire une volonté certaine. Dans la mesure du possible, il doit vous obéir et dans tous les cas respecter votre espace. Si la cravache est très rarement un bon moyen de se faire obéir, il permet de se faire respecter (au sens équin du terme c'est-à-dire préserver notre espace, faire céder la place). Un coup de cravache est pour le cheval associable à une morsure ou à un coup de pied.

Le "pousse-toi de là" ordonné par la cravache à pied est transposable à cheval pour réaliser une leçon de jambe.
Que ce passe-t-il si, dans ce cas là, on refuse d'utiliser une cravache ?
Dans un premier temps, le cavalier touche de la jambe - le cheval ne réagit pas - alors, il serre la jambe - le cheval ne réagit pas - il donne un coup de talons - le cheval ne réagit pas - il donne des coups de talons de plus en plus fort, en serrant de plus en plus ses jambes, se faisant il gigote, s'agite, se secoue sur la selle et le dos du cheval. A partir d'un moment qui dépend de la sensibilité du cheval, celui-ci, même si il le souhaite, ne peut plus obéir : la pression des jambes le gène pour respirer et l'empêche de passer (porte fermée qui l'enserre, les chevaux qui n'ont pas vaincu leur claustrophobie paniquent) Les coups de talons lui coupent violemment le souffle et lui font mal (imaginez des coups, même relativement légers, dans les côtes !) votre poids sur le dos le déstabilise et empêche le mouvement musculaire d'autant plus que l'équidé durcit ses dorsaux pour résister à la douleur que vous infligez à sa colonne.
Résultat, le cheval n'avance pas ou mal et il avancera de moins en moins et vous lui faites mal, vous le brutalisez.

Que se passe-t-il si vous utilisez la cravache ?
Vous touchez de la jambe - le cheval ne réagit pas - vous posez la cravache derrière la jambe - le cheval ne réagit pas -vous mettez un petit coup sec - le cheval ne réagit pas - vous mettez alors un coup un peu plus fort, ou, généralement plus efficace, vous multipliez les coups secs, selon un rythme bien précis. Le cheval fini toujours par céder à ce stimulis : c'est désagréable voir fait mal et l'oriente vers l'avant puisque ça vient de l'arrière (certains irréductibles, surtout ceux qui ont été blasés par des demandes inappropriées, des corrections irréfléchies, n'y cèdent pas et alors c'est toute une rééducation et un réapprentissage à faire.) Votre poids est resté stable (raisonnablement) les poumons, le plexus du cheval ne sont pas crispées, les côtes sont libres, la douleur provoquée par la cravache concerne la peau et ne dure pas et n'entrave pas le mouvement.  Le cheval est libre d'exhausser la demande.
Si, dès qu'il s'exécute il est abondamment récompensé, il sautera de plus en plus vite à la conclusion et si l'effleurement de la jambe ne suffit pas, le toucher voire le montrer de la gaule l'enlèvera.

Conclusion, dans ce cas, il est d'avantage barbare de ne pas utiliser la cravache que de l'utiliser.

Mais la cravache est moins utile dans le fait de taper qu'elle montre et qu'elle oriente. Très utile dans le travail à pied, elle permet de remplacer la jambe, de pousser et même d'aspirer les hanches. Elle permet de toucher aux antérieurs pour demander la jambette etc....
Pour faire monter dans un van elle peut orienter la direction des hanches, demander le mouvement en avant...
Elle permet de faire la transition d'un premier apprentissage d'un mouvement à pied vers un travail monté.

Mais cela ne s'improvise pas : il faut apprendre au cheval ce que signifie la cravache, lui apprendre à la respecter mais à ne pas en avoir peur. Sinon, il a des réactions de surprise, d'incompréhension et la cravache perd sa dimension d'outil pour effectivement devenir un instrument de torture.

La cravache n'est pas un instrument barbare, c'est un outil. L'homme, lui peut être : cruel, brutal, inconscient, ignorant ...

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