lundi 21 mars 2011

Main haute / Main basse

Je viens de lire un article , il reprend le fameux débat main haute / main basse entre Karl et Henriquet. Il a fait couler de l'encre, et de la vilaine : l'orgueil des cavaliers... ! Une guerre de clocher d'autant plus regrètable qu'au final cela n'est pas toujours si important que ça (j'y reviens).
mais Karl n'a pas la main si haute d'ailleurs !
Regrettable parce que à mon sens, Karl et Henriquet sont, chacun à leur manière, deux pointures en dressage de part leurs connaissances, leurs expériences et leur notoriété. A l'époque, je me disais que tout deux auraient pu s'unir pour parvenir à une réabilitation d'une certaine idée du dressage (d'ailleurs c'est le titre d'un ouvrage de Karl si je ne m'abuse) qui aurait contre balancé l'artillerie germanique des chevaux de concours. Karl est l'un des cavaliers présentant des chevaux au meilleur rassemblé ; Henriquet a des connaissances immense sur l'équitation, son histoire etc une très bonne pédagogie et une façon très agréable de s'exprimer quand Karl est difficile à suivre ...

J'y reviens donc : main haute / main basse ce n'est pas si important, pourquoi ? Parce que en tout, l'excès est mauvais.


Une main basse agit sur les barres, pour cela elle se trouve sous la bouche. Une main haute est au dessus de la bouche, elle agit sur la commissure.
La main basse qui intervient agit sur les barres par pression voire compresse la langue. On est d'accord cela est désagréable pour le cheval.
Quand elle n'intervient pas, elle peut avoir un effet appaisant, laissant la tête et l'encolure s'avancer et se baisser.
Chez Henriquet, si j'ai bien compris ce que j'ai lu de sa plume, les mains basses agissent comme des rênes fixes. Les mains, fixées de chaques côtés du garrot sur des rênes ajustées, donnent une résistance, à laquelle le cheval doit céder en s'arrondissant et en venant sur le mors. Là, les doigts s'ouvrent. Pour faire cela, le cavalier se tient en position plus ou moins d'équilibre, plus ou moins penché en avant, les bras tendus... Donc en surcharge de l'avant-main.

Si la main est trop haute, elle gêne : elle empêche le mouvement vers le bas et l'avant de l'encolure, peut provoquer ainsi l'inversement des vertèbres... le stress du cheval. L'appui est refusé au cheval
Surtout, elle est souvent invasive, agissant beaucoup. En effet, les cavaliers montant excessivement les mains les placent dans une certaine instabilité : les mains s'agittent, les bras, les épaules, les mouvements se répercutant au corps, dérangeant le cheval. Sous le prétexte de légerté, elle devient heurtante, agissant, certes à la commissure, parfois violemment pour empêcher le cheval de prendre appui.
Attention, je ne dis pas que cela est la position que préconnise Karl, c'est un excès dans l'application de ses méthodes.
Cependant, j'ai expliqué pourquoi je n'adhère pas à Henriquet à ce propos, il me faut expliquer pourquoi je ne suis pas complètement adepte de Karl non plus. Karl présente une équitation où la main passe son temps à agir, régler, empêcher et conditionner.


de P. Karl
Pour commencer, j'aime que la main reste tranquille, j'aime l'intervention moindre, minimum, mais ça c'est personnel. Le problème réside dans le conditionnement : le cheval se place par apprentissage, enfin il ramène, c'est-à-dire qu'il roue l'encolure à la demande de la main. Sous la selle de Karl c'est parfait : il sait rendre ces chevaux réactifs, impultionné, dans le mouvement. Chez un cavalier moins habile on tombe trop facilement dans l'écueil du cheval qui se retient : encolure placée, interdit de s'étirer et de prendre appuit le cheval se crispe dans une allure ratatinée qui lui est néfaste. On arrive parfois à des chevaux en deux morceaux, que Heuschmann appelle les "marcheurs aux jambes" avec un dos sur contracté : le dos se fige, les épaules et les hanches fonctionnent, mais le cheval a des allures courtes, saccadées et risquent des soucis de dos. Si au lieu de partir du cheval placé, on considère que le cheval se place en fonction de l'avancé de son travail : on ne place plus le cheval, on ne le lui demande même pas, mais on l'amène, par divers exercices, à prendre la position la meilleure, qui correspond a une attitude de plus en plus rassemblée (et parallèlement étirée)

Alors, mains hautes ou mains basses ? Tout simplement à leur place ! :p
La position de la main influe sur la position du corps : la main commence à l'épaule. Les épaules souples et tombantes, les bras le long du corps, les coudes tombants et souplement ployés, les mains se trouvent à une place naturelle, confortable et au-dessus de la bouche du cheval. Ici, elle peut résister, attendre, soutenir... en fonction des besoins.
Pour exemple, regardez des photos d'Oliveira, Lucien Gruss ...


 

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